« NAPOLI… ma belle sorcière »

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« NAPOLI… ma belle sorcière »

Vedi Napoli e poi muori

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Un jour, un ange de sexe inconnu tomba du ciel, frappé par la foudre, la pluie et la tempête, il était dans un très mauvais état et ressemblait à une vieille poule déplumée, mouillée et crottée. Il n’avait plus que la peau sur les os, et un reste de rouge sur les lèvres de la vie.

Aussi les gens l’enfermèrent dans un poulailler avec les autres volatiles révoltés, caquetants de colère et de désapprobation.

Là, il croupissait tout trempé et malheureux, recroquevillé dans un coin, impénétrable et taciturne.

Il avait perdu beaucoup de plumes, on pouvait même entendre la jacasserie des ciseaux des mites qui réduisirent ses plumes en poussière, et ses grandes ailes décharnées étaient squelettiques. Il n’était plus qu’un spectre qui sentait la naphtaline.

Seule et unique curiosité, il portait des bas satinés avec des jarretières dorées aux mollets et savait jouer de l’accordéon pour faire danser les poules à l’occasion quand elles sanglotaient trop de nostalgie pensant à la « poule au  pot » et voulaient danser entre elles un tango voluptueux.

Pudique, il se cachait dans son enclos à l’abri des regards, marmonnant des prières dans le noir, une plume de deuil derrière l’oreille, assis sur la cendre tassée de son cœur, avec une lueur hallucinée dans ses deux yeux un peu bridés, révélant la mansuétude d’un ange qui a traversé tous les cieux !

On ne savait que faire avec cet étrange ange hermétique (ou déchu), tombé du ciel ou d’un nuage de mystère; il refusait toute nourriture, maigrissant à l’œil et ne parlait pas, il faisait vraiment pitié à voir derrière les grilles rouillées avec les poules à l’œil exorbité et interrogateur, toutes effrayées !

Pour un ange c’était l’enfer…

Quand on décela sous son apparence croûtée un peu de son ancienne grandeur, on lui dispensa tous les soins requis, le décrotta, le nettoya et le parfuma à l’eau de rose un peu, lui coupa les cheveux, lui fit boire un bol de bouillon de crêtes de coq et lui procura même un pot de chambre en or. Ensuite on lui laissa un moment de répit pour réfléchir posément afin qu’il pût sonder son âme sous sa dignité douloureuse.

Par contre, on ne l’affubla pas d’un masque, à cause du Codevie-19, à la mode, de peur que les poules ne se moquassent de lui !

Quand même, un jour, une poule lui manqua de respect, l’ange redressa son auréole qui avait glissé sur l’oreille gauche, ajusta son monocle, et de son œil angélique mais torride la foudroya de son regard, la fixa, et la tint suspendue en l’air, anesthésiée; le volatile irrespectueux et terrorisé, ayant la chair de poule, pondu un œuf d’enfer tout noir.

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L’ange avait de grands yeux verts gris souris avec une lueur étrange qui donnaient à son visage une phosphorescence spectrale, et portait une croix de cendre sur le front, contre le mauvais œil sûrement, le malocchio! On ignorait quels secrets recelait ce cœur indéchiffrable ! Pour ne plus être seul, il demanda des ciseaux et se découpa un autre ange dans du carton doré…

Mais ce n’était plus un ange d’albâtre, plutôt rachitique, un ange tombé en disgrâce ou peut-être (un) ange clandestin ou un ange gardien déserteur?  Presque moribond, avec ses clavicules pointues, il croupissait dans son enclos d’oubli, respirant comme un chat en transe qui a avalé une souris de travers.

Un jour, vu son état de décrépitude, un médecin l’ausculta et lui découvrit un souffle au cœur…

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Pour connaître la fin de cette folle et triste histoire, il faut se rendre à Napoli, cette ville mystérieuse et envoûtante de tous les possibles et même impossibles !    

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En souvenir de ce beau voyage au pays des anges et des diables, dans la ville de feu. Naples 1997

Naples agit comme un miroir et réveille nos existences meurtries de rêves évanescents, Naples s’offre à vous, et vous invite à capter les reliefs palpitants de toutes les jouissances oubliées. Naples, la charnelle et voluptueuse ; Napule, en napolitain, cela sonne comme un gémissement de plaisir, un soupir qui vous happe et vous fait mourir d’amour. Ici chacun vit dans l’ivresse de l’oubli de soi, dans les tendres bras de la sirène Parthénope.

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Terramoto, Terramoto !

Le tremblement de terre qui a dévasté Naples, et la terre disparue sous la cendre ardente du Vésuve, non seulement répandit l’angoisse de la mort, mais aussi une douce, imprévue, merveilleuse euphorie d’oublier soi-même, de ne plus avoir conscience et d’être libéré de son identité, réveillant l’impétuosité et la rage de vivre, une fois la stupeur passée. Le volcan dévastateur, orifice de l’enfer, dont les larmes meurtrières se métamorphosent en terres fertiles reste un danger fascinant pour les Napolitains, un lieu sacré et craint, mais aussi objet de cultes ; les éruptions étaient considérées comme l’expression de la colère des dieux, chantées dans des poèmes même !

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Napoli, là où le farniente est une culture ancestrale… parfois un spectacle de la paresse triomphante, et où l’on affronte  l’incorrigible destin par la vaillance de son cœur invincible qui nous guide dans les ténèbres.

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Naples, la belle au baroque flamboyant, fuyant la raison, jouant avec toutes ses folies; la ville où les anges côtoient les diables réunis dans une danse effrénée, entre splendeur et misère,  pour vous offrir le vertige d’une gloire futile.

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Les palais napolitains, splendides et souvent décrépités, dont la façade s’effrite, avec des balcons qui pendent dans le vide devant des fenêtres désolées, la cour aux pavés disjoints rongés par la mousse, et des escaliers gigantesques qui grimpent au ciel vide vers le soleil, témoignent des belles demeures corrodées  auxquelles il manque toujours quelque chose, un ornement, tombé peut-être, ou la finition abandonnée. Est-ce par démesure ou trop d’ambition ? Qui sait ?

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Une ville illuminée de beauté défaite, oubliée sous le poids d’un grand passé dans lequel elle s’épuise, mais où des miracles se déclenchent à l’improviste, et,  jadis habitée par les dieux… Naples, infiniment noble et misérable, où le sang de saint Janvier est un symbole, une espérance, une tradition qui marie passé, présent et avenir… pour l’âme de ce peuple si accoutumé à lever les yeux vers le ciel.

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« Parthénope la sirène »

Parthénope, l’emblème de la ville de Naples, celle qui est restée vierge et se jeta avec ses deux sœurs, Leucosia et Ligeia, du haut de leurs rochers dans la mer ; elles se laissèrent noyer plutôt que de survivre à l’affront et l’humiliation qu’Ulysse leur fit en restant insensible à leur chant ensorcelant.

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La Spaccanapoli , la plus vivante, la plus tumultueuse artère traversant la ville d’est en ouest, vous accueille avec un crâne posé sur une borne arrondie, où parfois des chants sporadiques se font entendre et où les folles danses d’une tarentelle animée par un groupe de belles filles napolitaines déchaînées, aux larges jupes virevoltantes et au rythme endiablé, se donnent en spectacle, comme possédées.

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Dans cette rue étroite et sombre, évitée par les rayons de soleil, on croit rêver ; à travers la beauté et la folie de Naples, on découvre dans ce dédale des rues médiévales fraîches et obscures la vie grouillante et chaotique d’Italie, les sens, les femmes et leurs rires, la senteur d’huile d’olive, de l’ail et la volupté de vivre.

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Le marché aux puces, en attendant le chaland !

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Spectacle de la vie humaine, le pittoresque étalé au soleil…   

Une ville entre grandeur et misère qui ne s’apprivoise ni se ne comprend, mais se visite et se devine à travers mille images différentes, vivant à son rythme et se présente tantôt douce et séduisante, tantôt belle ou hideuse, même repoussante, restant toujours menacée par la peur du feu du Vésuve, ou fascinée par l’attente de voir le sang  coagulé de Saint- Janvier se liquéfier.

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Le parfumeur des rues, portant ses fleurs sur l’épaule joyeuse, comme s’il les conduisait à l’abattoir, infatigablement il répand les arômes envoûtants à travers  la ville. Et aussi, Naples avec son parler séduisant, charmeur, avec sa voix mélodieuse parfois mêlée de bouffonneries.

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Insaisissables sont les reflets de ce rêve fugace que l’on voudrait pour toujours graver dans sa mémoire !

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« Pulcinella »

Figure légendaire et traditionnelle du monde magique napolitain, le souffre-douleur et roi sacré du carnaval, une pathétique marionnette entre rire et pleurs, serrée dans la boite des théâtres ambulants. Un personnage des farces napolitaines, grotesque et bossu, qui règne partout dans la ville.

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Pour évoquer Naples il faut manier le superlatif et risquer de tomber dans les jongleries de polichinelle ou dans le paradis des diables. Ici on cultive l’humour, l’ironie et la dérision devant le destin parfois cruel qui hante les rues sombres de cette ville, entre grandeur et misère… où même les ombres se font menaçantes et où la perspective de la misère la plus noire et infernale peut encore sévir. Pourtant, le Napolitain heureux, pauvre ou riche, est habillé par le soleil !

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Naples est une métaphore que l’on ne connaîtra jamais entièrement, qui apparaît et disparaît au fur et à mesure qu’elle nous éblouit et nous attire dans ses méandres entre mythe et réalité. Naples, ville voluptueuse, belle comme une hétaïre antique, vous donne le vertige. Ils ont l’honneur sanglant, la passion, le feu de l’œil et du geste, une folie baroque où la volupté de vivre s’exalte en frôlant la mort.

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Ici se nichent encore des sorcières, la magie, la peur de la fascination oculaire et  de l’envoûtement par le mauvais œil, le « malocchio », auquel résistent tous les arguments du bon sens, car tous y croient encore ; exclus du temps et de l’histoire. Aussi chaque signe peut acquérir une valeur symbolique ; un aboiement d’un chien à l’aube sera rassurant comme une promesse de fidélité. Pourtant, ils en rient, parce que le Napolitain a besoin de rire de ce qui lui fait peur… Il a le sens inné de l’autodérision.

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«Chiostro di san Gregorio Armeno Napoli »

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Il Chiostro di San Gregorio Armeno à Naples où les statues blanches et  éloquentes, entourées d’une verdure luxuriante, signent leur présence de gestes nobles, de gestes lentes, auprès d’une fontaine pétillante, et s’épuisent à converser toute la journée, même la nuit quand la lune leur sourit et les blanchis de la clarté de ses rayons avertis.

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Ces belles figures immobiles ne respiraient pas mais elles écoutaient des pensées secrètes se bousculant en dedans d’eux-mêmes. Elles ne vous voient pas, aveuglées par la lumière, mais elles entendaient le murmure du temps. On aurait aimé que ces visages sans regard s’animassent, prissent vie, et leur cœur se mît à battre.

Ce lieu magique, ce déambulatoire paradisiaque est en endroit où l’âme meurtrie se régénère, où les colombes se posent enchantées ayant traversé toutes les mers.

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Naples, secrète et mystérieuse, est une Pompéi qui n’a jamais été ensevelie…on y vit avec la mort, en mettant des amulettes partout… on révère les âmes du Purgatoire… avec plein de clins d’œil dans l’orbite des crânes, où dans les cimetières des anges respirent encore… où un visage enfariné d’un clown surgit dans la foule… où l’on ne dort jamais… quand souffle le sirocco qui coupe l’haleine des vivants… où des angelots joueurs ont l’air en sucre… où le linge  sèche sur une corde entre deux balcons… et le panier descend au bout d’une corde, pour les provisions… où une madone pleure des larmes de sang… l’ivresse du baroque envahit toute la vie ici!

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«La Chiesa Piazza del Gesù Nuovo»

Le soleil anime et joue sur la façade de l’église du Gesù Nuovo, l’édifice est un des plus célèbres de l’art baroque napolitain bâtie en pierre noire lavique de Naples avec les pointes en diamant dont les ombres portées suivent le mouvement de l’astre qui s’en amuse.

« Le miracle »

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 San Gennaro, Saint Janvier, est le patron et protecteur céleste de Naples auquel  on rend un culte important ; deux ou trois fois par an les Napolitains assistent   au miracle de la liquéfaction du sang, ce lien mystique avec l’au-delà a le pouvoir d’aimanter les regards et les cœurs et de susciter d’intenses émotions religieuses ou profanes des Napolitains, c’est l’espérance d’un secours divin pour surmonter les difficultés de chaque jour ! Il les protège et le venge, leur donne réconfort et leur annonce le futur ; mais le mystère de la liquéfaction du sang qui aurait valeur de prophéties sur l’avenir de la ville, reste inexplicable, et le prodige ne se répète pas toujours.

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« Cathédrale de San Gennaro »

Seul San Gennario est capable d’apaiser la colère du volcan ; pendant les processions, son buste est transporté jusqu’à l’église de Saint Caterina à Formiello, face au volcan, une tradition qui reste bien vive !

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Le respect du sacré du sang est omniprésent dans la ville; un crâne sur une borne plantée en bord de rue à laquelle on attachait autrefois les chevaux ou servait de patère, on peut- aussi appuyer et reposer son vertige. Des ex-voto, petites pièces en argent, représentant une partie du corps, yeux, jambes, têtes … offertes aux saints ou à la Madone en remerciement d’une guérison accordée ou d’un miracle accompli, recouvrent les chapelles des églises.

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Le Napolitain est fasciné par la magie et la superstition ; son âme résonne de terreurs anciennes, aussi il a adopté des gestes quotidiens destinés à exorciser la peur des ténèbres et des « fatture », des sortilèges. Ainsi est l’âme de cette ville et de ce peuple, si accoutumé à lever les yeux vers le ciel !

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«Le prince de Sansevero»

La chapelle baroque de Sansevero, l’une des attractions principales de Naples, a été construite au 17ème siècle mais elle a été remaniée et redécorée par le prince Raimondo di Sangro, prince de Sansevero, au 18ème siècle. On peut y admirer le Christ voilé (Cristo Velato), magistralement sculpté dans le marbre par Giuseppe Sanmartino.

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« Cristo Velato »

 Raimono di Sangro, le prince de San Severo (1710-1771), fut un passionné de science,  personnage fascinante et redouté , un alchimiste éprouvé et entouré d’un certain mystère, connu pour ses expériences diaboliques et recherches anatomiques menées sur des êtres humains, dont on peut encore admirer, en pénétrant dans son laboratoire secret, dans la crypte de la chapelle, deux corps humains, surnommés « Adam et Eve », étonnamment conservés montrant en transparence les artères du système sanguin intact et les muscles du corps humain en parfait état ; toutes les veines cristallisées en nervures transparentes, semblable à une constellation d’étoiles lumineuses.

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Cette splendide chapelle baroque de Sansevero et la crypte sont à visiter, le cœur bien accroché !

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« Teatro di San Carlo »

Inauguré en 1737, l’intérieur du théâtre est un véritable joyau architectural avec des ornements or et argent, des tentures pourpres et une belle voûte décorée et d’une qualité acoustique extraordinaire où les échos de toutes les voix célèbres, applaudissements et ovations résonnent encore en souvenir et en harmonie avec la magie des lieux. Le miracle s’était produit dans ce théâtre dont les sortilèges ne s’étaient pas dissipés. Ils donnaient une présence envoûtante aux fantômes qui continuaient d’exprimer l’espoir et la plainte éternelle de l’âme humaine.

« Le théâtre de San Carlo et les castrats »

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 Naples est à l’origine de l’opéra bouffe et du bel canto, dans sa splendeur presque oubliée, où les voix des castrats, comme Farinelli, firent entendre leur chant, dont on décèle encore la grandeur partout ; les castrats, une sorte de mythe vivant, ont contribué au triomphe et la gloire de l’opéra napolitain, comme l’architecture, la peinture et la sculpture baroque ont marqué les traditions de la ville. Les Napolitains inventèrent les castrats  comme Matteuccio, Farinelli, Porpora, Gizziello, Caffarelli et Tenducci, mais aussi pour leur plaisir, par oisiveté ou par caprice peut- être ou par dépravation.

Farinelli fut peut-être le plus connu pendant l’époque de la gloire où les castrats enthousiasmaient le public, déployant une virtuosité pour arriver au contre UT ou au sol supérieur qui tenait en haleine ses adorateurs et adoratrices prêts à mourir de plaisir en les écoutant, subjugués et sous le charme de ce chant suprêmement angélique, provoquant l’amour ou le dégoût et l’horreur parfois  d’une telle beauté ; un art qui séduisit un public inconditionnel et averti des mordus par un cygne.

Un art qui trouva son déclin avec l’avènement de l’opéra bouffe dont le sujet est la dérision de l’autorité masculine par la ruse et la coquetterie de la femme qui  détiennent désormais le pouvoir et où l’homme se voit berné, tourné en ridicule  et humilié, on n’avait plus besoin de castrats !

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« Napoli »

Ville de tous les mystères, ville des ombres et des lumières.  Pulsion de vie,

Pulsion de mort. Ville des prières, ville des remords, ville hantée par les âmes en folie. Ville où dansent les diables nus, ville des tendresses et des cœurs en détresse. Ville de l’amour, ville des messes. Ville des crânes et de la sagesse. Laisse éclater ta joie sombre, là où le soleil rejoint son ombre.

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Napoli, où l’on se réveille difficilement de ses superstitions ; où elle nourrit encore le sang chaud sous le soleil de plomb et où l’on hésite de troubler la rêverie d’un homme absorbé par son secret mélancolique… Où une belle folie guide la rage de vivre et où les êtres se reconnaissent dans le scintillement des étoiles au-dessus d’eux. Et où l’on interroge encore avec anxiété les auspices pour soulager sans angoisse, attendant que l’oracle se prononce, souvent pour oublier les misères de leur vie !

 « Certosa di San Martino»

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Le grand cloître de Certosa di San Martino, tout de marbre blanc, est rythmé de colonnes doriques délicieusement baroques. Au centre du jardin du cimetière des moines où des citronniers répandent leur parfum, vous serez en curieuse compagnie de crânes posés sur les balustrades, ricanant et imposant leur présence énigmatique de vanité étalée au soleil meurtrier qui lustre leur fierté. Ici la mort est le compagnon accepté de tous les instants, elle veille sur le repos des derniers moines du monastère, la finalité inévitable s’étale au grand jour. Signe d’une fatalité vivante, un baume contre la peur de mourir, l’apaisement nécessaire pour les âmes en souffrance.

« La Piazza del Plebiscito »

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La Piazza del Plebiscito, au cœur de la ville, a retrouvé toute sa splendeur avec au centre les deux statues équestres sculptées par Antonio Canova, représentant Carlo et Ferdinand IV de Bourbon. Au fond on aperçoit la basilique de Saint  Francesco di Paola, pâle imitation du Panthéon de Rome. Des statues de lions en bronze décorent l’escalier d’accès à la basilique.

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Le Palais- royal dont les niches extérieures sont occupées par de gigantesques statues des rois de Naples, en marbre, immobiles et enveloppés de leurs vertus,   clôture la symétrie de la Piazza del Plebiscito.

« La Galleria Umberto I »

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Face au théâtre de San Carlo se profile avec élégance la Galleria Umberto I, une immense volière en forme de croix. Dans cette belle et lumineuse galerie, à l’allure d’une cathédrale, on peut s’agenouiller devant son signe astrologique et méditer sur sa destinée.

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Sous le scintillement du dôme transparent en fer et verre , la Galleria Umberto    est un point de rendez-vous où l’on déguste l’inévitable espresso napolitain ; un repos bien mérité pour oublier son vertige après avoir admiré les trésors de la splendeur et la misère de Naples dont émane un charme irrésistible comme le vague souvenir d’un baiser donné ou reçu.

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De jeunes nouveaux mariés se font photographier dans  le ce majestueux décor de la Galleria Umberto, un moment important d’une cérémonie inoubliable pour eux.

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Mon ange tu t’amuses de ce que nous puissions prendre nos rêves au sérieux, bien que toi et moi nous ayons déjà pressenti la raison pour laquelle tout est furtif, c’est pourquoi je suis persuadé qu’avec le rire de polichinelle éclate la vérité qui vagabonde sur notre terre…

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L’ange excentrique, dont vous avez lu l’histoire interrompue au début, ne s’abaissera pas à ces apparitions que la tradition a consacrées, vous souhaite d’intéressantes impressions posthumes et une éternité agréable !

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Après des errances fiévreuses pour découvrir les trésors à travers la beauté et la folie de Naples, le cœur battant, laissez-vous aller au sortilège inné de cette ville infiniment noble et misérable, pour vous offrir le vertige d’une gloire futile… et vous finirez hantés par le démon napolitain !

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Ici les pâtisseries inclinent à une rêverie sans contours.

« La mort n’est rien et la recherche du plaisir le but ultime de la vie, non pas celui des débauchés, mais la jouissance de l’instant présent. » (Épicure)

FINE

J.EHRE 20 juin 2020

« CATANIA… ton linceul te va si bien. »

 

 CATANIA… le linceul te va si bien.

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La ville du noir baroque…  où l’ombre lui donna de la lumière.

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 Une ville où l’on arrive la nuit est toujours fascinante… quand Sa Majesté la lune monte prendre son empire…et les étoiles s’allument dans le ciel, l’une  après l’autre… mettant fin à notre inquiétude intérieure, comme si l’on posait une main ferme et douce sur une blessure qui commencerait à guérir.

« Catane la nuit »

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Les rayons de la lune, perçant l’épais feuillage des arbres, font ressortir la blancheur des marbres épars et la noirceur des branches qui, de leurs doigts tendus, permettent de mesurer l’insensible écoulement du temps… au milieu de la solitude et du silence.

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Catane la nuit, c’est un moment particulièrement magique quand la pâle lumière du croissant de la lune tranche le relief de ses courbes baroques omniprésentes et resplendit de beauté, répandant le mystère fantomatique sombre et opulent de la vie nocturne.

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Les ombres jetées par les façades surchargées et balcons en corbeilles baroques de fine dentelles pour contenir les amples jupes des belles Siciliennes, peut-être,  font rêver et de s’y perdre…

Le charme de la nuit, le songe d’une ombre où seul le silence a quelque signification, toute parole serait emphatique…

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La nuit est si belle à la lueur de la lune qui promène ses pâles solitudes qu’on éprouve un étrange sentiment de plénitude et de bonheur ; on hésite de rompre cet enchantement, et si l’on entre dans la lumière du jour c’est pour en rapporter de quoi contenir la nuit !

« à l’aurore »

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Catane vous accueille sur la magnifique « Piazza del Duomo », chef-d’œuvre de l’art baroque où se dresse au milieu la « Fontana dell’Elefante ». Le pachyderme, à l’allure triomphante, vêtu d’un tapis de selle de marbre blanc qui porte en équilibre sur son dos un obélisque égyptien gravé de hiéroglyphes  dédié au culte d’Isis, est le symbole de cette sombre ville d’une beauté presque tragique.  Il a été sculpté dans la pierre de lave par Giovanni Battista Vaccarini, architecte talentueux qui a reconstruit la ville partiellement détruite par l’éruption de l’Etna en 1669, d’un feu qui fait froid jusqu’au cœur.

« La Fontana dell’Elefante ».

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Cet éléphant imposant à l’œil narquois et sa trompe aux aguets, possède la gravité de la substance terrestre et la noirceur des pouvoirs souterrains venus avec la lave des entrailles de la terre…

Lorsque la fontaine fut dévoilée on constata que G.B.Vaccarini avait oublié de parer la bête de testicules (normalement invisibles chez ce pachyderme), ce qui provoqua une vive protestation et la colère des hommes de Catane, chatouillés dans leur susceptibilité, qui considèrent cet oubli comme une atteinte à leur virilité !

Vaccarini a dû y remédier et rajouta les parties manquantes afin que les mâles  ne se sentissent plus offusqués !

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Ici on défend l’honneur, encore, on revendique d’être ce qu’on n’est pas sûr qu’on soit. Ces hommes, nés eux-mêmes baroques, exaltés, chimériques et protestataires, avec un vaste cœur, trop pur et trop grand pour accepter trouver un accommodement avec la réalité, et plein de petits démons, sont tantôt féroces  tantôt généreux.

D’où encore cette éternelle obsession : « farci onore con una donna » d’une rhétorique éprouvée, une comédie de la virilité qui fait sourire… Une des causes de l’imagination fantastiques dans un pays où l’on défend l’honneur par le sang.

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La cathédrale Sainte-Agathe

Sainte Agathe est la patronne de la ville de Catane, martyrisée en 251 après J.C., et à laquelle est chaque année consacrée une grande fête !

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La main brûlée de baisers,

La poitrine haletante

Voit son cœur battre.

Quelque chose se noyait en extase

Sur la place festonnée d’écume… 

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« Un jour, un homme tomba amoureux d’une belle en robe rouge flamboyant qui l’a regardé dans la rue ; il se mit à genoux et la prit en photo. Plus tard, on les vit ensemble faire une promenade au bord de la mer… Lungomare ! »

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Nous logions dans un hôtel dont la façade est chargée des balcons ciselés de fer forgé et de fenêtres élégantes d’où on avait vue sur la piazza del Duomo…

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et le Palazzo degli Elefanti, à gauche, à droite La Fontana dell’Amenano

Du balcon on pouvait embrasser toute la place, la vie du jour et celle de la nuit, alertés, parfois, par des claquements rythmés de sabots des chevaux de la police montée, paradant devant le Palazzo degli Elefanti , qui sonnaient fièrement sur le pavé, et se firent échos à travers des murs.

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Au Café del Duomo : « Tu vois ce croissant ? Si je le brise tu verras à l’intérieur un petit ange d’ivoire, un petit ange agenouillé avec des ailes pointues comme celles des hirondelles ! »

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« Café del Duomo »

Sur cette belle terrasse au « Café del Duomo » on peut encore civiliser une des vieilles voluptés de la terre ; être assis à l’aise, au frais, le soir, en compagnie, et déguster un excellent « caffée italiano » avec cette ondulation onctueuse où se trouve toute sa saveur exceptionnelle, quand l’âme est habituée à s’exalter.

Ici on trouve encore un certain art de vivre et d’être heureux, et on n’a pas honte de le montrer ; le plaisir est dans le temps que l’on perd…

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Sous un soleil de plomb d’un ciel meurtrier, le contraste renforçant l’ombre qui donne de la lumière…

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 Une chaise vide, pleurant tout son soûl à l’ombre d’une ruelle fraîche et déserte, aux pavés lustrés, dont la beauté est peut-être un signe du destin ? ; peut-être abandonnée par quelqu’un qui sait obscurément que sa vie sera brève et qu’il  importe d’abord de toucher les cœurs ?

Parfois il ne faut pas décrire ce qu’on voit, il faut laisser l’imagination ajouter de la fantaisie au banal et quotidien, savoir le transformer en un monde poétique…

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Et cette lumière, avec ce soleil à pic, féroce, terrible, qui dessinait d’une main

ferme son ombre sur le pavé, comme une trainée d’encre de Chine très noire…

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Dans ce ciel parfois chargé de nuages noirs, traversé d’un soleil vif qui dramatise les ombres que c’est presque pathétique.

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Une ville parfois inquiétante qui abrite des ruelles sombres, jalonnées des vestiges antiques ; on y remarque une colonne abandonnée brisée mais dont la beauté reste intacte, un sarcophage éventré et indigné qui tente de refermer son secret, ou un hypocauste où l’on image des belles femmes se prélasser dans leur bain. Vestiges d’une autre époque.

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Catane et ses palais opulents de baroque noir, sombres, un monde entrecoupé  par des coulées de lave solidifiées, peut-être inutile, mais qui forme une image ressemblante de la vie humaine.

Plus loin on débauche sur le théâtre romain ou ce qui en reste, et le jardin Bellini d’où on a une vue impressionnante sur l’Etna qui se réveille de temps en temps pour cracher son feu ! Le géant Etna, qui fume… « Colonne du ciel, père des neiges éternelles, dont l’abime vomit les plus pures sources du feu inaccessible » (Pindare)

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Tous ces personnages figés dans le temps, ils ne font que passer sur la scène, mais leurs gestes sont éternels ; comme la fleur cueillie, admirée et, se fanant aussitôt, déjà jetée. C’est ce geste qui est la poésie.

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Une ville bâtie de lave noire, qui, après avoir subi la terrible éruption de l’Etna, a su garder l’espoir et s’est redressée de ses cendres.

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« Amenamos »

Tel un spectre dans la nuit

Se dresse une statue

Semée de gouttes d’argent,

Changeant d’aspect

Sous la blancheur de la lune

Qui de son sourire l’éclaire.

La Fontana dell’ Amenano, au cœur du marché aux poissons de Catane, est   alimentée par les eaux d’une rivière souterraine, la rivière Amenano.

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Une imposante et très belle fontaine ornée de la statue d’Amenamos, l’antique Dieu fluvial de Catane, sur « la Piazza del Duome », à l’entrée du marché aux poissons,  appelée aussi ‘linzolu d’eau  « l’eau au drap », car l’eau cristalline y retombe en voile transparent, est l’œuvre de Tito Angelini 1867.

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L’eau vive qu’elle répand est, comme la pluie, le sang divin, la semence du ciel, symbole de la fertilité… et de la pureté, elle guérit les blessures, ranime le cœur  et réconforte le bonheur, elle est à l’image de l’âme immortelle.

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Nombreuses sont les fontaines à motif animal ; il paraît qu’il serait imprudent de s’endormir auprès d’elles, l’esprit animal déroberait l’âme du dormeur ; à déconseiller donc vivement !

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Catane, dont les façades des nobles « palazzi » nous offrent un ballet d’anges musiciens aux trompettes étincelantes, ou des cariatides figées à l’œil courroucé, défendent l’entrée entre des colonnes imposantes.

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Le baroque de la Sicile exprime magnifiquement le vertige existentiel dont chaque Sicilien, un jour ou l’autre, devient la proie.

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Le Palazzo Biscari est un autre chef-d’œuvre du baroque catanais, il fut bâti sur une partie des anciens remparts de la ville au XVIIIe. Fermé au public, on peut cependant admirer les terrasses, l’ornementation de ses fenêtres, l’exubérance de ses stucs et de ses fresques, et des personnages sculptés très expressifs, caractéristiques du baroque sicilien.

« Via Crociferi » 

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Une rue surprenante et d’exubérance de baroque, où les ombres hantent la lumière dans un éternel jeu joyeux et tragique… où l’on se laisserait aller facilement à des rêveries… on voit l’appât de bonheur partout… La lumière découpe des traits et engendre des silhouettes entre désir et la mort, où tout concourt à la gloire de l’homme et à sa perte ; un décor qui évoque la tragédie entre l’ombre et la lumière.

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La beauté de ces statues et leur immobilité nous meuvent hors de nous-mêmes ; ces êtres retirés de la vie sont les seuls qui puissent la juger, nous fixant de leurs yeux morts et de toute la solitude qu’elles peuplent ; leur aveuglement nous éclaire et nous guide pour découvrir la splendeur de la lumière.

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Il est des endroits qui donnent des battements de cœur, des angoisses délicieuses et de longues voluptés, là où l’ombre de l’homme est toujours plus grande que lui, c’est le secret d’un bonheur où il se perd.

 « Métamorphoses »

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Derrière des grilles joyeuses, l’ombre fraîche attend, une cour où pousse l’herbe dans le bonheur de la solitude ; l’étroite prison où notre cœur, serré de nostalgie,  se sent enfin délivré…

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La Chiesa di San Benedetto Norcia in Via dei Crociferi apparaît dans un  imposant clair-obscur, majestueuse ! Dans cette chapelle il est difficile de se  défendre d’être parcouru d’un frisson divin…

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Impressionnant visage d’une figure simple, pure et calme comme le marbre, un visage qui n’a qu’une seule expression, le repos et la tendresse, et dans lesquelles l’œil lit aussi facilement que dans la fragile beauté d’une fleur… comme toute femme contente de sa parure, admirée pour sa beauté et sa grâce, s’embellit de tous les regards qu’elle recueille et qui l’animent ; elle apparaît alors comme transfigurée et investie d’un pouvoir surnaturel et devient magicienne ; coquette à son insu, elle inspire involontairement l’amour qui l’enivre en secret, elle devient fascinante.

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Depuis ces magnifiques balcons baroques exubérants, tous en dentelles de fer forgé…

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d’où règnent les femmes siciliennes déployant leurs charmes qui déchainent des passions, et d’où elles mangent des yeux leur soupirant…

 « Le vert paradis »

Sous une forte corniche, que supportent des pilastres travaillés en pointes, s’étagent des fenêtres aux encadrements très ouvragés et aux balcons ventrus, pour la plupart garnis de fleurs ; un paysage que hante la nostalgie…

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Le vrai soleil n’est pas celui que laissent entrevoir les fenêtres parées de plantes verdoyantes, mais celui qui baigne le corps et le bonheur des êtres qui n’avaient peut-être jamais vécu mais qui avaient toujours aimé.

« Sainte Agathe de Catania » 

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La patronne de Catania ou Agathe de Sicile est une Sainte chrétienne, vierge et martyre, morte en 251 av. J.C. après avoir été torturée sur ordre du cruel consul Quinziano, ne supportant d’être repoussé…

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Après avoir été martyrisée, elle fut jetée sur des charbons ardents et qu’on lui eut tranché les seins ; ceux que l’on retrouve glorifiés, symboliquement, comme un dolci, une pâtisserie prestigieuse et appréciée en Sicile sous le nom « Les Tétins de sainte Agathe »

La recette des tétins de sainte Agathe, des gâteaux en forme de Sein, farcis de ricotta, que l’on prépare pour la fête de la Sainte Agathe.

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« I capezzoli di Sant’Agata »

 Chaque année, le 5 février, on fête et prépare des gâteaux en l’honneur de la sainte en racontant son martyre.  Sainte Agathe  est alors fièrement portée et  exhibée lors des processions à travers la ville dans un décor de coulées volcaniques, dont on espère conjurer le sort afin d’éviter ce drame survenu le 11 mars 1669, lors d’une éruption d’une rare violence qui détruisit le centre de la ville jusqu’au port. Suivi plus tard d’un tremblement de terre en 1693 et d’une nouvelle éruption en 1983. La ville fut savamment reconstruite en 1730 par un architecte au nom de G.B.Vaccarini.

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Les irrésistibles dolci

Agathe a été canonisée bien avant que ses seins ne fussent réapparus au monde dans les pâtisseries à Catane !

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« l’Etna »

Si vous voulez escalader les flancs de l’Etna jusqu’à  la « Terre del Filosofo » ; n’y perdez pas vos sandales comme Empédocle qui s’approcha de trop près du cratère et de son feu furieux ! Ici, inutile de chercher à surprendre une imprudence divine…

« Le monde véritable du feu est sombre, palpitant, plus noir que le sang, comme le véritable amour est sauvage et triste ; c’est une palpitation à deux dans les ténèbres. »

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Malgré toute la souffrance subie, Catane s’est relevée de ses cendres et a repris vie après toutes ces catastrophes ; rien n’a pu abolir la joie de vivre de ce peuple  au visage brûlé par le soleil, la main prête aux gestes de la violence ou de la passion… et dont la vitalité et l’humour sont légendaires

« Le marché aux poissons »

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Non loin, là où jaillit cette fontaine

De jouvence d’un dieu nu,

Près du couteau affûté,

Qui découpe l’espadon cru.

Il vous jette d’un œil figé,

Empreinte de nostalgie,

Un regard affligé

Des profondeurs de la nuit.

Mais le couteau qui le trancha

Fit respecter l’omerta !

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L’espadon aux orbites creuses dressant sa lame noire de sa fureur inutile vers le ciel; la tête fièrement dressée…

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La « Pescheria », le marché aux poissons, il y règne une atmosphère qui vous prend à la gorge ; un endroit pittoresque qui vibre et pulse, où l’on se sent une tension indescriptible s’envahir ; est-ce la lame du couteau qui brille en coupant la tête de l’espadon aux yeux révulsés et rouges de sang, ou sont-ce tous ses yeux humains braqués sur vous, l’étranger, qui ose s’introduire dans cet antre  où règne une atmosphère d’omerta ?

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L’étranger ne pouvant que deviner ici les mots murmurés à mezza voce, aux intonations secrètes, mimiques et regards obliques, ce langage rapide et occulte qui lui échappe ; une sorte d’exhortation à ne pas chercher trop à comprendre et surtout voir !

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Le couteau qui s’abat sur le poisson accompagné d’un regard goguenard, vous coupe le souffle. Inutile d’y rester trop longtemps, on y est de trop.

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Quand le couperet tombe sur la tête du thon avec un regard avertisseur sur vous, vous savez ce qui peut vous arriver, cela ne laisse pas de marbre votre imagination…

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Le thon, glacé de terreur attend le couperet, les yeux révulsés, la peur qu’inspire un reste de majesté.

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Des quartiers de bœufs, rouge de sang, valsent lourdement sur des épaules puissantes à travers  le marché…

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Epices, citrons, tomates et poulets à profusion…

 

. « Vincenzo Bellini »

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Né le 3 novembre 1901 à Catane mort le 23 septembre 1835 à Paris (Puteaux).  Vincenzo Bellini, le célébré compositeur d’opéras de Catane, embellit sa ville natale avec le génie de sa musique, il a porté à la perfection l’art du « bel canto ».

« Teatro Massimo Vincenzo Bellini »

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avec sa belle façade, inspirée du style classique et surchargé de bustes de musiciens, de faunes, de lyres et d’aigles. L’intérieur abonde des dorures ; un des plus beaux théâtres du monde, inauguré en 1890 par une représentation de « La Norma ».

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BELLINI et La Norma : « La Norma périt dans les flammes pour l’amour d’un Romain. Il se joint à elle devant tant de pureté d’âme. » Rarement des chants aussi sublimes ont été composé et inventé avec ce génie qu’avait Bellini, pour le plaisir de nos cœurs ; des chants éternels, doux et mélancoliques comme un souvenir, mais qui peuvent aussi éveiller le cri des passions et de la douleur. »

Quelle beauté cet opéra, quelle nourriture céleste que Bellini nous a offerte, et quelle musique entendue !

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à la Capella della Madonna se trouve la tombe de Vincenzo Bellini, défendue par un ange de marbre, où sont inscrits les mots et partitions d’une de ses œuvres «  La fonambule », on peut y lire : « Ah, je ne pensais pas que je te verrais fanée si vite, petite fleur !  » 

En hommage au grand compositeur que fut Bellini et à son chef-d’œuvre,  on inventa  « la pasta alla Norma », un plat succulent à la ricotta et aux aubergines.

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La Gelateria del Duomo, en face de la fontaine de l’éléphant, pour vous rafraichir et goûter une variété très étendue de parfums.

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Et pour terminer cette petite promenade sur la terrasse du Café del Duomo  à l’ombre, avec un café italiano et un croustillant cornetto…

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« Mi revedrai, ti rivedro. »

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Le départ approche…

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Epilogue :

« Pour retrouver les belles villes que nous avons savourées ensemble et cet air si doux, cette légèreté de la vie… » Paris décembre 1998

fin

« La villa Palagonia ou la villa des monstres »

La villa Palagonia ou la villa des monstres

“La villa dei mostri”

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La Villa Palagonia à Bagheria en Sicile

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Ou « le Triomphe de la mort »

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La villa des monstres, c’est l’histoire du prince de Palagonia, Ferdinando Francesco Gravina, pour qui  les architectes Tommaso Napoli et Agatino Daidone réalisèrent en 1705 la villa Palagonia , à 15 km à l’est de Palerme.

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D’une architecture surprenante dont le jardin est orné de statues monstrueuses représentant des êtres difformes et grimaçants,  des gnomes et des animaux fabuleux, et d’horribles créatures lubriques mi-hommes, mi- bêtes.

Un miroir déformant le monde baroque, artificiel et poudré de son temps, une parodie ironique du monde grotesque qui l’entourait, témoin de la vie tragique en Sicile, la beauté convulsée sous un soleil funèbre !

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En visitant ces lieux mystérieux où la présence de l’œuvre du prince  de Palagonia est omniprésente qui,  il y a deux siècles avait inventé une image de  l’homme  dérisoire en ornant de monstres la villa de Bagheria, bien avant que ne fût apparue et fabriquée la première marionnette dont le spectacle capte toute l’attention des siciliens, surtout  à Palerme.

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À l’entrée principale se dressent toujours deux gargouilles aux gueules béantes qui servaient à éteindre les torches des valets de pied.

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Un escalier flamboyant mène au « paino nobile » dont le plafond est tapissé de miroirs , où le prince donnait des bals masqués et où des singes déguisés en musiciens se promenaient parmi les invités ; on y voyait des chaises aux pieds sciés et des sièges plantés de clous pointus, aujourd’hui disparus.

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Sur la porte le prince a fait graver cette devise : « Regarde-toi dans les glaces et contemple l’image de la fragilité humaine. »

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Ce grand salon dont le plafond est couvert de miroirs disposés de telle sorte que le visiteur s’y voit multiplié à l’infini, en levant les yeux, attire indubitablement l’intérêt; on a l’impression de voir sa propre image volée en éclats ; un  bel effet de ce palais de glaces, malheureusement déjà un peu terni par le temps, et difficile à rendre sur une photo, car aujourd’hui le temps a abîmé l’éclat des miroirs, vieillis  à force de renvoyer à Narcisse son image obsessionnelle. Est-ce la pudeur qui a fait obstruction ?

L’impression de la démesure est partout !

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Cette curieuse villa de Bagheria abrite les plus étranges et fascinants monstres sortis de l’imagination débridée du prince, formant un tableau féroce de l’humanité, et non sans raison, si l’on regarde de près leur vie :

On dit, sous influence de ce tribut de monstres, que la femme du prince accoucha un enfant contrefait ; ce deuxième petit prince, qui était donc nain et bossu.

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D’autres prétendent qu’il était très jaloux, d’où peut-être la malheureuse inspiration du Prince, et voulait terroriser sa femme, que les monstres devaient l’effrayer et l’empêcher de s’enfuir, ou même repousser un éventuel amoureux. Personne ne saura la vérité.

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Sauf… que ce témoignage d’un autre temps est entré dans l’histoire et a rendu célèbre la villa Palagonia !

Dans la catégorie fantaisiste ou plutôt surréaliste aujourd’hui, elle attire et comble la curiosité des visiteurs surpris et interloqués devant ces réalisations d’idées saugrenues.

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On pourrait reconnaître en eux des créatures magiques, dont la nature ne se confond pas avec la simple espèce humaine, mais qui déborde sur le règne animal, auquel elle emprunte un peu cette force obscure qui palpite sous la fourrure des bêtes.

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Cette apparente absurdité  fait penser à un tableau représentant trois cochons en train d’égorger un boucher ; ou des oies occupées à rôtir le cuisinier, ou un cortège de lièvres, de chevreuils et de loups portant en grande pompe au cimetière le cercueil du chasseur ! Le monde à l’envers ! Renchérissant en absurdité afin de douter de la solidité des apparences. On reste ébahi !

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Se promenant dans le vaste jardin qui entoure ce petit palais, on découvre, de monstre en monstre, les errements obsessionnels et grotesques de l’imagination du prince. L’impression qui s’en dégage n’a d’égal que celle que l’on ressent en regardant  la galerie des spectres dans les catacombes des capucins de Palerme !

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On croirait voir un asile baroque aux frontières du génie et de la démence ; aux traditions séculaires ; s’inscrivant jusque dans la morphologie,  caprices d’une aristocratie décadente où les hommes sont reliés aux plantes et aux bêtes par des complicités magiques et ne sont plus sûrs de posséder une identité distincte, absolue, et d’appartenir à un sexe déterminé.

L’esthète pourrait leur reprocher de symboliser, par leur anomalie, toutes les tares d’une aristocratie décadente, les extravagances de la classe oisive, ses mœurs licencieuses et sophistiquées. Pourtant ce témoignage est précieux aussi, comme la sculpture baroque qui prédomine partout.

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Le mur d’enceinte est surmonté des statues absolument grotesques ; des corps  à trois têtes, une vieille à cheval sur un dragon et bien d’autres, toutes dans des états extatiques, parfois aux yeux révulsés vers le ciel… et d’autres déformations bestiales dont l’expression fait penser à Goya !

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Le fantastique frappe le visiteur, mais demande aussi une explication, sa source, venue  du réel…

Le prince semble avoir vécu dans un monde poétique de fantasmes, fait d’ironie, de persiflage et d’amertume, qui nous interrogent sur la raison de vivre et la fatalité du destin humain.

De ces créatures dramatiques, sur les sombres remparts où stagne le cauchemar, se dégage une vague atmosphère absurde et étrange ;

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Peut-être, pour échapper à la « jettature », au mauvais œil ici, il faut tripoter sa gousse d’ail au fond de sa poche, et ignorer les lumières de la rationalité ?

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Car, comment éviter les pièges de la superstition et les impostures de la sorcellerie autrement? Ici on peut se mesurer au regard avec les monstres, croire aux forces occultes, les prendre au sérieux ou en rire !

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fin

Teatro Massimo à Palermo… Volet Nr.12

Teatro Massimo à Palermo…  Volet Nr.12    

Palermo, il giorno che la vidi per la prima volta… Volet Nr. 12

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Le Teatro Massimo Vittorio Emanuele

 

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 Un jeune couple, fraichement marié, pose avec bonheur sur les larges marches de l’escalier monumental qui mènent à l’entrée du théâtre Massimo à Palerme… ; « La bella sposa », dans un nuage de dentelles, sourit au jour ensoleillé; le bouquet de noces à leurs pieds semble se reposer… dans le même bonheur,  et le jeune époux, fier de cet accomplissement, non sans raison, regarde avec confiance l’horizon pour braver l’avenir, le cadre a été bien choisi.

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 Il Teatro Massimo Vittorio Emanuele

Ce théâtre somptueux, le Teatro Massimo à Palerme, mérite sa renommée… non seulement à cause de ses prestigieux spectacles, opéras et concerts donnés… mais aussi d’avoir été élu comme décor où se déroula la scène finale du film  « Le Parrain III » Souvenez-vous des séquences tournées à l’intérieur de l’opéra, la tentative d’assassinat du Parrain, et finalement… la cruelle fusillade sur ces marches mêmes… sur lesquelles notre couple se repose innocemment…

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… où est tombée aussi la belle et irrésistible « cousine » (l’actrice d’origine sicilienne, Sofia Carmina Coppola),   sous les balles du tueur de la Maffia,  après avoir jeté un dernier regard d’amoureuse désespérée à son cousin… film inoubliable, tourné avec maestro!

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De chaque côté du large escalier de l’entrée veillent des fauves féroces, des lions même… royalement chevauchés par des créatures drapées, deux femmes à cheval de lion représentant « la comédie et le drame », sorte d’allégories,  des chérubins sans ailes… damnées à les apprivoiser.  La nuit venue, l’éclairage rend les bêtes particulièrement impressionnantes… l’ombre et la lumière jouent sur leur musculation puissante… leur gueule grande ouverte, les crocs menaçants…  guettant je ne sais quel fantôme… On sent le souffle de leur haleine ronflante, pareille à des rugissements de bête apocalyptique  jetant au vent leurs panaches de flammes… avec un bruit de métal fondu et qui sonne à faire trembler la ville…

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Allegorie della « Lirica » e della « Tragedia » (splendide opere scultoree in bronzo di Mariao Rutelli e Benedetto Civiletti) ornano l’imponente scalone del  Teatro Massimo in Piazza G. Verdi.

 

La comédie et le drame,

Cet appât de l’amour

Et la volupté en piège ;

Une ruse de la nature,

Quand, emportés par

L’impétuosité du sang,

Le baiser est donné ;

Froid et violent,

Sur des lèvres inconnues…

 

Le regard fixe et ardent

Et que les yeux ne voient pas.

Jetés dans des bras, à son gré,

Qui ne s’ouvraient, parce qu’ils

Devraient s’ouvrir…

 

La nature a vaincu

La raison insurmontable…

Quand l’affolement passé,

Une tristesse nous saisit ;

Laissant à l’âme

Une amère mélancolie…

 

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Au pied de l’escalier attend patiemment le fiacre… le cheval somnolant…et le cocher endormi…  sous le soleil de plomb palermitain…  pendant que les portes du théâtre s’ouvrent;

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« La Cenerentola » de Gioachino Rossini

L’intérieur de l’opéra est impressionnant ;  de somptueux lampadaires en verre de Murano ornent des plafonds fleuris ; de partout les dorures sur fond rouge velours vous encerclent et vous subjuguent… les balcons sembles bomber leurs  énormes ventres d’orgueil doré … fiers de leurs courbes imposantes…

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Des lourds rideaux ajoutent à la solennité du lieu; la salle, grâce à sa rondeur, présente la meilleure acoustique du théâtre.  On visite ce lieu comme une cathédrale… à mezzo voce,  n’osant parler trop fort, de peur de déranger les esprits…  Car des loges somptueuses se  penchent les fantômes invisibles des siècles passés; des applaudissements fusent,  le temps s’est arreté ; les dorures jettent des éclats, brillent de tous feux… d’un geste gracieux  une main blanche de femme écarte légèrement le rideau rouge- sang , buvant avec ivresse l’air  traversé par un parfum violent… à peine peut- on distinguer son visage dont chaque ligne révèle une grâce particulière, semble avoir une signification, dont chaque mouvement paraît dire ou cacher quelque chose… sur ses lèvres erre un léger sourire d’une une gaité délicieuse… pour disparaitre au fond  d’un nuage doré de nos rêves… perdus dans une nuit froide , une de ces nuits qu’on dirait plus vaste que les autres, où les étoiles sont plus hautes , où l’air semble  apporter des souffles glacés…  figés dans nos souvenirs, une sorte de sensation de la présence irréelle et persistante d’une femme ; l’image de son corps est resté dans ses yeux et quelque chose d’elle restée en son cœur… comme une possession étrange, troublante et exquise parce qu’elle demeure mystérieuse…

Parfois on discerne son regard… des flammes allumant ses yeux… un de ces clairs regards de femme qui pénètrent jusqu’au cœur… peut-être un compliment a trouvé son cœur qui lui fait jeter une de ces œillades rapides et reconnaissants…  qui nous font leurs esclaves…

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Les œuvres les plus jouées…

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« La Bohème » de Puccini

 Le Teatro Massimo à Palermo présente souvent Tosca et La Bohème de Puccini ou Carmen de Bizet avec des interprètes favoris comme Luiz-Ottavio Faria ou Omer M. Wellbe  et,

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Guiseppe Verdi

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“Rigoletto” de Verdi

 Bien sûr, l’honneur est toujours  à Guiseppe Verdi dont les œuvres sont les plus jouées, les plus connues comme  La Traviata, Aida, Nabucco, Rigoletto, Il trovatore, Un ballo in maschera, Otello et La forza del destino…

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“Le 4 Stagioni” de Verdi

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La traviata” de Verdi

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Vincenzo Bellini

 et puis Vincenzo Bellini, avec la Norma, La sonnambula…  Mozart  avec Don Giovanni… Gioachino Rossini présente toujours  « La Cenerentola” (Cendrillon) ossia La bontà in trionfo … et “Il barbiere di Siviglia”…

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“La Cenerentola” de Rossini

 et de Charles  Gounod  Romeo e Giulietta … de quoi ravir l’amateur de l’opéra lyrique… autant de joyaux à vous enchanter… si vous aimez l’opéra.

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 Son histoire ;

À la fin du XVIIIème siècle un certain marquis Domenico Caracciolo trouva regrettable que Palerme ne disposât pas d’un théâtre lyrique à la mesure de la ville natale d’Alessandro Scarlatti, l’homme qui a composé plus de cent opéras.

On avait bien bâti le Teatro Carolino en 1801, mais celui-ci, trop exigu et rapidement vieilli, ne conviendra jamais aux mises en scène de plus en plus fastueuses du siècle romantique. En 1844, le répertoire se limitait encore à Cimarosa,  Mayr, Rossini, Donizetti et Bellini. Le « Carolino » sera d’ailleurs rebaptisé du nom de ce dernier compositeur. Tandis que le « Bellini », donc, n’en finit pas d’être démodé, on attendra 1851 pour évoquer la construction d’un nouveau bâtiment, 1860 pour que l’autorisation paraisse au journal officiel de Sicile, et 1864 pour lancer un concours d’architecture. C’est le projet de Giovanni Battista Filippo Basile qui est retenu : les travaux avaient commencé en 1875 ;  à la mort de l’architecte, en 1891, l’Opéra sera  terminé  par son fils Ernesto Basile qui avait remplacé son père décédé. En 1997, le théâtre est rouvert après un long abandon… près de 25 ans.

Depuis sa fermeture en 1974, les spectacles sont donc donnés au Politeama Garibaldi, et aussi dans un grand nombre d’autres lieux de l’île : ainsi l’Opéra de Palerme est-il devenu un extraordinaire propagateur de l’art lyrique au sein de la population sicilienne.

Après trente ans de construction, le Teatro Massimo (« Theater maximum ») a ouvert en grande pompe en 1897. Elle est la plus grande maison d’opéra en Italie, et le troisième plus grand opéra dans toute l’Europe après ceux de Paris et de Vienne. Le théâtre  a été construit dans un style néoclassique.  La façade extérieure est néoclassique et romane.

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 Ils n’ont pas bougé… le cheval et son cocher somnolant, ou parfois endormi… partout  stationnent patiemment des fiacres en grand panache, de dentelles décorées, les sabots lustrés, venus d’un autre temps, inoubliables… attelages prestigieux, courants de voir circuler à Palerme… afin de ramener le beau monde de l’opéra… après la séance.

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Demandez le programme… de l’opéra !

Œil von Lynx- Palermo 14/11/2014

QUATTRO CANTI à Palermo… Volet Nr.11

QUATTRO CANTI à Palermo…  Volet Nr.11   

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Palermo, il giorno che la vidi per la prima volta… Volet Nr. 11

 

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 Les Quattro Canti cela sonne comme une incantation, et cela en est une, car ici se trouve le cœur de Palerme d’où partent ses battements dans les quatre directions, les points cardinaux fixés à jamais… au ciel immuable des ténèbres et de la lumière…

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Les Quattro Canti appelé aussi  piazza Vigliena, est la place de Palerme se situant à l’intersection des deux rues principales de Palerme : la via Maqueda et le Corso Vittorio Emanuele. À la croisée de ces deux artères on  peut observer quatre fontaines adossées à des façades, chacune représentant une saison. Au-dessus des fontaines, des statues de rois prennent place et sont surmontées de statues de saints protecteurs de la ville.

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 Ce carrefour célèbre et admiré vous donne le vertige… juste  à côté de la Piazza Pretoria et de la fontaine de la honte.

Ici s’inclinent sur vous les quatre saisons, les quatre façades d’un somptueux baroque, elles ont témoin de toute l’histoire de Palerme et surtout du temps des Beati Paoli, des carrosses frappés aux armes de l’aristocratie, tirés par  des chevaux en feu d’artifice, accompagnés de l’éclaireur à la lanterne louche et tremblante, essayant de fendre les ténèbres la nuit venue qui enveloppe  les Quattro Canti d’une réputation sulfureuse… de ce temps-là et d’éviter les coups de couteau  vengeurs ou croisements d’épées comme aujourd’hui encore  à l’opéra !

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 Au carrefour des Quattro Canti vous soulevez un coin de du voile des mystères que garde cette ville qui ne s’offre à l’intrépide, à l’esprit vaillant et curieux de connaître la naissance et la destinée d’un peuple profondément fervent avec ses processions, ses croyances,  ses secrets, ses prières et ses larmes, quand , submergé, fac eau sirocco, le vent chaud venu d’Afrique, il creuse la terre, s’abriter dans la camera de la morte, pour se protéger, et ne ressortir qu’au grand soleil réconciliateur de la vie et de la mort qui hante ce peuple depuis toujours !

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Un exemple unique du baroque sicilien apparut en Sicile aux XVIIe et XVIIIe siècles qui comporte une profusion de courbes et d’ornements, de masques et d’anges  souriants d’une flamboyance qu’il n’est  possible de retrouver nulle part ailleurs.

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 Alors, les hommes, reconnaissants, sortent leurs saints des églises et les portent à travers de la ville, en passant aux Quarto Canti, entonnant des chants à la marche funèbre de leur fanfare, le regard extasié, les yeux implorants , le geste remerciant gratifiant…

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quand  Sainte Rosalie, la patronne de Palerme vacille, chargée sur les épaules puissantes des hommes ployant sous le poids des chars mais acheminant lourdement sans  se   plaindre dévotement leur sauveur jusqu’à destination afin de la réintégrer dans son église…

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Le carrefour des Quattro Canti (littéralement les quatre chants) divise la ville de Palerme  en quatre quartiersavec un cœur légèrement excentré. Le projet de forme octogonale fut confié à l’architecte florentin Giulio Lasso… réalisées entre 1609 et 1620.  Les quatre façades courbées épousent harmonieusement la forme circulaire de la place…  Elles sont surmontées par les blasons royaux. Les quatre étages se succèdent selon le principe de l’ascension du monde de la nature à celui du ciel.

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Les Quattro Canti et ses façades baroques surchargées de figures penchées des balcons regardant le peuple passer… qui les a bénis, décorés et souvent imploré, des fleurs séchées en témoignent encore, des voiles déchirés tremblent quand passe le vent s’accrochant avec ferveur encore à la sainteté vénérée !

Les traces du temps ont fait leur œuvre en noircissant la pierre avec ses fantômes !

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 Qu’ils étaient beaux, je me réjouis encore d’avoir pu les voir dans cet état de noirceur authentique, car il me semble, que justement les traces qu’a imprimées la vie, qui les a secoué sont de véritables  révélateurs du passé

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 Sous la  couche de cette poussière ils vivaient encore, respirant difficilement déjà, mais présent et toujours haranguaient l’admirateur  le montrant d’un doigt insolent ; TOI ! Qui est tu donc qui ose nous regarder ? »

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Ces quatre grands bâtiments sont agrémentés de fontaines à leur base représentant les rivières de la ville antique (Oreto, Kemonia, Pannaria, Papireto)…. qui n’est pas sans rappeler les Quattro Fontane à Rome. . Les trois étages des édifices sont décorés de statues nichées dans de petites alcôves et représentant de style dorique les allégories des quatre saisons (symbolisées par Éole, Vénus, Cérès et Bacchus ) ; puis un niveau de style ionique qui abrite les statues des quatre souverains espagnols de la Sicile ; Charles V, Philippe II, Philippe III et Philippe IV ; le niveau supérieur porte les quatre saintes patronnes de Palerme : Agate, Ninfa, Oliva et Cristina, qui étaient les patronnes de la ville avant l’arrivée de Santa Rosalie (1624) et Saint- Benoît le Maure (1652).

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 Les têtes le plus les plus belles se penchent encore pour se désaltérer dans l’eau de leur fontaine au bassin à leurs pieds… l’eau les nourrissant tout en murmurant des prières pour eux, leur souhaitant une vie éternelle et inoubliable !

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 Hélas, les temps « modernes » sont passés par là, depuis quelques années déjà ; l’homme à l’âme propre a commencé à restaurer les lieues célèbres de  sa ville, et les Quatro Canti n’y ont pas échappé

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 Aujourd’hui, après la fontaine de la honte, et sous des bâches hideuses, on a fait la toilette des fantômes, on les a blanchis, leur arraché les fleurs fanées et les offrandes déposées,  déchiré les voiles en lambeaux, restauré la pierre et lustré les figures, de sorte que toutes les statues arborent un visage sans fard et couronnes, comme enterrées… Un lion furieux,  à l’abri dans sa cage de planches… grogne de colère…

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 On leur a enlevé la vie, leur vie, leur passé en même temps ; ils ne savent plus qui ils sont, d’où ils viennent !

Une nouvelle ère a commencé, bien proprette, balayée blanc comme un croissant pas cuit, sans  dorures, immangeable… fade comme une belle femme aux levées du jour, sans maquillage, sans parfum, le sourire retenu sinon éteint, comment va-t-elle pouvoir affronter le jour ?

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 Comment ces « fantômes » ressuscités vont se jeter dans les premiers rayons du soleil, affronter le temps… pour cueillir un peu de couleur?

L’homme moderne, pourtant, semble ravi, les Quattro Canti sont propres comme sa chemise blanche, aseptisée, amidonnée, et ainsi il ose encore prendre des photos, tout fier de n’y rien découvrir… la machine à laver, le temps, est passé inexorablement par-là, a effacé toutes les traces, tous les contrastes riches en profondeur qui les sculptaient entre la lumière et l’ombre… Devenues méconnaissables, les larmes leur coulent des yeux grands ouverts…

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 Parfois un cheval, ressuscité lui aussi, attelé à son carrosse d’un charme suranné et fantomatique,  lève la lourde tête, dressant les oreilles et ouvrant grands les naseaux, la lippe dédaigneuse, d’un œil triste il balaie le cortège dressé dans sa nouvelle magnificence sans hennir !

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 Entre chien et loup quand les somptueux candélabres s’allument chassant la lumière du jour dans la nuit meurtrière… quand les couteaux s’affutent et le crime respire… la ville entière tremble pour les âmes innocentes.

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 Depuis  1998, la restauration de la veille ville avance à grands pas, et aujourd’hui,  nombreux sont les monuments, comme les Quattro Canti, croupissants depuis des siècles dans une noirceur inimaginable… avec leurs statues agrémentés de dentelles et des fleurs fanées… revivent sous le soleil palermitain et connaissent une nouvelle vie et splendeur! Ceci pour la plus grande joie des habitants et des visiteurs… sauf pour moi… qui les préférais porter dignement les traces de leur histoire, leur vécu, inscrit au visage avec les rides du temps… fût-ce par la splendeur ou la misère… c’est ainsi que je pus encore faire leur « portrait »… avant que le nettoyage inexorable ne commençât… effaçant la richesse de leur jeu entre l’ombre et la lumière…!

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Légendes et superstitions font partie de l’âme sicilienne.

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 La procession de la sainte Rosalie en juillet. C’est la sainte Rosalie la plus fêtée, vénérée et adulée. Sainte Rosalie, jeune aristocrate palermitaine qui se retira dans une grotte du Monte Pellegrino où elle mourut en 1166 après une édifiante vie de pénitence et de chasteté.

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 Il faut faire connaissance de l’histoire des Beati Paoli, Matteo Lo Vecchio, maître ès scélératesses. Une histoire violente, belle, comme un rêve de pureté,  ce fut le temps des duels, cavalcades, têtes grandioses, intrigues de la cour, enlèvement au couvent, sublimes amours et combinaisons ténébreuses. Toutes les séductions réunies dans la lumière sicilienne, qui rend les emportements plus violents et plus mélancoliques. Ou ses noceurs, un fard plus appuyé, un soupçon d’ivresse, un je-ne-sais-quoi d’extrême les accompagneront  toujours…

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 Le bonheur…. d’un dernier regard sur ce tableau sombre et prestigieux des Quattro Canti…où un cheval et son carrosse stationnent toujours pour la plus grande joie du visiteur…l’invitant à découvrir la ville au son de ses sabots… toc toctoc toc toctoc…

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Sinon soyez intrépide… marchez  à pied, le seul et véritable  moyen de voir une  ville et de pourchasser ses secrets  jusqu’aux derniers refuges…

 

Œil von Lynx Palermo 22/10/2014

La San Cataldo à Palermo… Volet Nr. 9

La San Cataldo à Palermo…  Volet Nr. 9  

Palermo, il giorno che la vidi per la prima volta… Volet Nr.9 

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le coupole rosse di San Cataldo

Sur la Piazza Bellini, à côté de la Martorana avec ses admirables mosaïques, s’élève sa jolie voisine  La San Cataldo,  de style arabe, une église du Moyen Age qui attire notre regard; l’Orientale se présente avec ses trois coupoles… des bonnets rouges d’eunuques…  qui surprennent… Belle en couleur et forme, d’un contraste de style arabo-normand  presque extravagant… sauf que l’intérieur  est plus sobre que celui de sa sœur La Martorana… elle ne passe pas inaperçue !

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Au sommet, le profil solennel des trois dômes rouges caractéristiques en forme de bulbe et des merlons de style arabe forme un contraste chromatique harmonieux avec la monochromie sévère des murs…

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Typique de l’architecture arabo-normande  unique à la Sicile, elle appartient depuis 1937 à l’ordre des chevaliers du Saint-Sépulcre, de Jérusalem et fut construite autour de 1160, par Maion de Bari, amiral ou plus exactement Emir des émirs du roi normand Guillaume Ier de Sicile. Abandonnée pour devenir un bureau de poste au XVIIIe siècle,  elle fut  restaurée à la fin  du XIXe siècle !

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L’intérieur est très dépouillé avec trois nefs séparées par des colonnes que couronnent quelque beaux chapiteaux. Son architecture est assez simple. Elle forme un cube, surmonté de 3 dômes, qui surplombent la nef centrale. L’extérieur est constitué de murs percés de quelques petites ouvertures, assez haut placées.  Les seules décorations sont les moucharabiehs des ouvertures et la ligne d’écriture coufique qui cernent l’église sous l’arête supérieure.

L’intérieur à 3 nefs soutenues par de hauts piliers est dépouillé. La pierre est joliment baignée d’ombres et de lumière dorée.

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Le pavé, qui est, tout comme l’autel, d’origine, possède une magnifique décoration en mosaïque byzantine.

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Dans le même temps, l’église présente des caractéristiques typiques de l’architecture islamique, comme la préférence pour les formes cubiques, les arcatures aveugles qui articulent les murs extérieurs de l’église et le toit sphérique typique à dômes rouges.

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L’église suit un plan rectangulaire. L’intérieur comporte trois courtes nefs – dont la centrale est marquée par la séquence rythmique des trois dômes – séparées par des colonnes, avec deux allées. Des colonnes avec des arcades de style byzantin font face aux murs nus.

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 Palerme,

La plus belle,

Tu nous racontes

Tes mérites…

Ornée de tant de beauté,

Tu tournes la tête

À celui qui te regarde…

Quand trois dômes rouges

Le narguent…

 

Face à la mer,

Entourées de montagnes,

Ta plage si gaie

Ensoleillée et riante,

Comme tes femmes

Qui s’y promènent,

Aux yeux noirs…

Des baisers attendent.

 

Le goût de tes dolci

Et celui de tes saintes,

Sculptées dans une auréole

De marbre blanc…

Habitant des églises

Bien flamboyantes…

 

Tu rayonnes au-delà

De tes dévots et fervents,

De tes trésors si riches

Et reluisants…

Tes palais décorés

De pierres blanches

Et de marbre gris

Souvent splendidement

d’or garnis…

 

Tu es lumineuse

Dans les ténèbres

Où dansent des figures,

Des bêtes et des anges,

Où les fantômes errent

Sur les murs cramoisis…

 

Tes jardins luxuriants

Entre  des pierres désolées,

Les fleurs rouges et jaunes

Poussent parmi l’or des blés…

 

Tes fontaines entourent ta gorge

Comme les bijoux les cous des femmes

Dont le frôlement des robes

Les regards enflamment…

 

Tes clochers te rappellent

Tes péchés à la messe,

Croulant sous la lave noire

Mêlée aux odeurs

Du soufre enflammé

Qui annonce le sang noble

D’une nostalgie sans fin…

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 Attente devant la porte close de la San Cataldo…

 

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Assis sur les marches de  la San Cataldo fermée… on a une vue magnifique sur la ruelle d’en face où des oliviers et d’autres superbes plantes poussent sur les balcons…

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Oeil von Lynx -Palermo, San Cataldo (09/10/2014)

La Martorana… à Palermo… Volet Nr. 7

La Martorana… à Palermo…  Volet Nr. 7

      

Palermo, il giorno che la vidi per la prima volta… Volet Nr.7 

« Preciusu jocali in toto orbe »

 

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Sur la Piazza Bellini se dressent, plongées au milieu de fiers et voluptueux palmiers, la belle église La Martorana, et, à côté d’elle, San Cataldo, l’orientale avec ses trois coupoles, ses bonnets d’énuque rouges…

La Martorana, également appelée Santa Maria dell’Ammiraglio, de rite gréco-oriental, est un splendide édifice normand. Elle fut construite en 1143 par l’amiral Georges d’Antioche sur les plans d’une mosquée arabe. C’est Héloïse Martorana, la fondatrice du monastère bénédictin au XVe siècle qui lui donna son nom.

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Cette belle église subit de nombreux remaniements au XVIe siècle, surtout à l’époque baroque en 1688. De loin elle se laisse admirer, son magnifique campanile arabo-normand du XIIe siècle, orné d’incrustations polychromes et éclairé par des baies géminées. Le dôme de la Martorana est l’un parmi les rares vestiges du Xe siècle,  chefs-d’œuvre de la décoration normande sous Roger II (1130)

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A l’intérieur elle vous surprendra avec les plus belles mosaïques anciennes existantes dans l’île… ces superbes mosaïques représentent Roger II en costume d’apparat couronné par Jésus, et le fondateur de cette église l’amiral Georges aux pieds de la vierge… c’est d’une grande beauté… avec toujours le christ Pancrator qui veille… l’œuvre des artistes byzantins !

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La mosaique de Roger II, portant l’habit impérial byza        ntin et l’étoile de  légat apostolique, recoit  la couronne byzantine par le Christ même !

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La Martorana… est un précieux joyau… vrai bijou à la dimension humaine et propice au bonheur de cœurs amoureux… est le cadre doré idéal, lieu parfait, pour accueillir les couples de colombes amoureuses, les futurs époux, venus, pour y recevoir la bénédiction de leurs noces, devant l’autel,

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car c’est ici que les jeunes palermitains rêvent de se marier… selon toutes les traditions, un peu théâtral mais combien impressionnant… où les futurs époux, venant en carrosse tiré par de beaux chevaux décorés, viennent se faire déposer juste devant l’entrée de l’église, sur  cette belle Piazza Bellini… couverte d’un tapis de dalles de laves lustrées qui font résonner joyeusement… les sabots !

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C’est ici que se penche le beau monde des invités sur la balustrade, sous une verdure écrasante et parfumée de palmiers et d’autres arbustes exotiques… servant d’ornement somptueux à chaque couple entrant dans le sanctuaire… pour chercher la bénédiction de leur futur bonheur !

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1111 Martorana

Dès votre entrée dans  la Chapelle de la Martorana vous vous sentirez submergé d’or. La richesse apparente de l’intérieur de la nef vous procure un moment de stupeur, proche du ravissement. La pénombre dominante en adoucit l’éclat et la rehausse en même temps, la rend encore plus somptueuse, plus précieuse et vous enchante. Les maîtres des stucs, artisans et autres  jongleurs de pinceaux, sont passés par là, pour déployer tout leur art. Une réussite impressionnante.

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Après les deux premières travées, on arrive dans l’église byzantine originelle proprement dite. Le contraste – sans aucune transition – entre les styles baroque sicilien et byzantin apporte beaucoup au charme de l’édifice et à son originalité

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1616 Martorana

 

Les murs et la coupole, au sommet de laquelle on trouve l’image du Christ Pantocrator  , sont entièrement revêtus de mosaïques… et…  descendant sur les côtés, les quatre archanges.

 

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Secondo una nota tradizione, la frutta di Martorana è nata perché le suore del convento della Martorana, per sostituire i frutti raccolti dal loro giardino ne crearono di nuovi con mandorla e zucchero, per abbellire il convento per la visita del papa dell’epoca.

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Des petites friandises en pâte d’amande doivent leur nom à cette église. La frutta di Martorana était confectionnée pour la fête des Morts, début novembre, par les religieuses du couvent bénédictin de la Martorana. Encore aujourd’hui, les petits fruits colorés remplissent les étalages dans le quartier de la piazza Olivella.

Si vous vous trouvez à Palerme, à Agrigente ou à Erice,  il est d’usage d’aller acheter ses « dolci » dans les couvents et les monastères féminins ! Les nonnes, les béguines aussi qui ne sont pas cloîtrées, détiennent un vieux patrimoine de recettes qui remonte au Xe siècle.

L’abondance et la variété des dolci… à la pâte d’amande, farcie de confiture de courge, aux fruits confits et couleurs séduisantes; le rouge de l’orange et le jaune des citrons, le vert des pistaches… vous chatouilleront les papilles. C’est un héritage lié à l’intimité du peuple  sicilien, à l’éducation familiale et aux fêtes ! Une transmission maternelle de recettes millénaires qui ne laisse aucun gourmet indifférent !

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Même l’agneau de Pâques y figure… en « pasta reale ! »

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Die Bezeichnung Frutta Martorana geht zurück auf das Kloster la Martorana in Palermo, das Ende des 12. Jahrhunderts von Eloisia Martorana gegründet wurde. Die Nonnen kannten das Geheimnis der Marzipanzubereitung aus der Zeit der arabischen Vorherrschaft und gaben es seither von Generation zu Generation weiter. Anlässlich eines Festessens für Papst Clemens V, im Jahr 1308 wurden zwei Bäume mit echt wirkenden Äpfeln, Trauben und Feigen aus Marzipan behängt. Mit dem Erfolg, den die Früchte bei den Festgästen hatten, begann die traditionelle Produktion der Frutti della Martorana.

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Œil von Lynx-Palermo  07/01/2014

La Fontana Pretoria… la Fontana della vergogna… Volet Nr. 6

 La Fontana Pretoria… la Fontana della vergogna… Volet Nr. 6

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alla Piazza Pretoria 

Palermo, il giorno che la vidi per la prima volta… Volet Nr. 6

La première fois que je vis Palerme… Volet Nr.6

Das erste Mal als ich Palermo sah… Volet Nr.6

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Nu je suis.

Nu je vis.

Nu je meurs.

Je délaisse

Cet habit

Qu’est l’amour ;

Ce chapeau de bonheur,

Cette chemise de haine,

Et ce gant jaloux

Qui toujours trainent… 

.

Nu je veux être

Et heureux,

Le temps qui me reste.

Palsambleu !

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La Fontaine Pretoria à Palerme est une des réalisations les plus remarquables de Francesco Camilliani (mort en 1586), un sculpteur toscan venu de Florence… d’où ce pigeon inconsolable de sa disparition à la Piazza Pretoria.

Cette magnifique fontaine de la Haute-Renaissance fut initialement construite à l’origine, au milieu du XVIe siècle, pour le jardin de la villa florentine de Don Pietro di Toledo entre 1554 et 1555 !

Vingt ans plus tard, en 1573, Don Luigi… attendu par une jolie Napolitaine… mit en vente la fontaine. Son frère, Don Garcia de Toledo, ancien vice-roi de Sicile, entretenait de bonnes relations avec le sénat de Palerme qu’il arriva à convaincre d’acheter la fontaine et de la placer devant le Palazzo Pretorio La fontaine arriva à Palerme le 26 mai 1574, démontée en 644 morceaux. La reconstruction, confiée au sculpteur Camillo Cammilliani, fils de Francesco, et à l’architecte Michelangelo Naccherino, se termina en 1581. Il faut dire que quelques belles statues féminines furent usurpées par Don Luigi pour sa propre collection !

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en restauration…

Tout au long du XVIIIe et du XIXe siècle, la fontaine fut considérée par le peuple comme une sorte de représentation du conseil municipal corrompu. Par ailleurs, les Palermitains surnommèrent la place « Piazza della Vergogna » (place de la honte) ou « fontaine de la honte »… en raison de la nudité des statues… qui provoqua la colère des sœurs au cloitre d’en face.

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Dans un accès de rage et d’indignation elles brisèrent les nez des statues… n’osant toucher aux attributs masculins, car les leçons d’anatomie étaient encore rudimentaires… dans ce temps. D’autres s’en chargèrent plus tard, et de nombreuses statues furent émasculées. Mais grâce à la récente restauration complète, aucun détail ne manque plus… fût-il de marbre.

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Ceci pour le fond de l’histoire…

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Les 48 sculptures de la fontaine suscitant l’étonnement général, représentent les dieux de l’Olympe et les différentes rivières de Palerme… des jolies nymphes dansant  gracieusement entre des dieux des fleuves vous jettent des  fleurs en vous taquinant… Cupidon vous envoie ses flèches empoisonnées… et des monstres grouillants partout crachent des jets d’eau se croisant entre eux et formant des cascades…  une statue, représentant la rivière Mugnone en Toscane, citée par Giovanni Boccaccio dans le Décaméron… vous tourne  le dos jouant de ses muscles énormes… pour vous impressionner !

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Au sommet de la fontaine… le jeu de l’eau commence par un Bacchus , érigé au-dessus d’une colonne centrale pour se déverser à travers des sculptures,  des bouches de monstres et de divinités animales jusqu’au bassin central, circulaire, relié à la place par quatre ponts en escalier, avant d’être déversée par des becs dans le grand bassin en anneau…

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Cette belle fontaine de la Renaissance surprend  parmi les monuments arabo-normands et baroques de Palerme. Elle est alimentée grâce à une source, la Conque d’or, un bassin qui recueille l’eau de pluie la distribuant  dans les fontaines et les jardins luxuriants de Palerme… l’image est celle d’un printemps perpétuel !

D’où le mot de Palerme, élue siège du Paradis de la Terre où elle réjouit les cœurs les plus mélancoliques et les plus tristes…

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 Un lion majestueux veille à côté  sur la fontaine !

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Nous habitions en face de la « Fontaine de la Honte », où malheureusement aucune eau limpide ou honteuse ne jaillissait encore, la restauration de la fontaine n’étant pas terminée. Elle est aujourd’hui restaurée, de même que les palais décrépis qui l’entourent, mais lesquels, même avant, en exhibant les ombres de leur clarté vécue, étaient déjà  d’une beauté à couper le souffle.

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Quelle impression ! Ce fut une grâce, de la voir si près, cette fontaine. En ouvrant la fenêtre au petit matin, les statues, baignées du premier rayon du soleil palermitain, annonçant le jour… nous saluaient, non, c’est nous qui les saluions,  bien sûr, et respectueusement !   Elles, elles attendaient la délivrance, d’être remises en état afin de resplendir de nouveau, dignement, dans tout leur éclat, tel qu’il le fut au XVIe siècle,… sauf  qu’aujourd’hui, les costumes de leurs admirateurs  ont changé par rapport à cette époque de gloire… de corps glorieux !

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et la nuit, lorsqu’elles étaient éclairées par les candélabres bercés par une brise… dont le vent empêchait l’œil fixe… de les aveugler…  les statues se mouvaient doucement dans leurs ombres, pudiques, chuchotant des secrets, mais se taisant aussitôt que l’on s’approchât. Seuls les amoureux méritaient leur approbation, et un doux chant se propageait alors de leurs cœurs de marbre enveloppant ce bonheur partagé.

Tous les jours… les statues changeaient d’aspect sous notre regard …  debout dans leur magnifique nudité, sans honte, sans pudeur, plus jamais elles n’avaient redécouvert toute leur splendeur d’autrefois et l’eau, ruisselant de nouveau, semblait danser une tarentelle rafraîchissante autour de leurs corps…

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Depuis des années, la fontaine restait cachée derrière des vilaines palissades… attendant sa restauration… commencée en 1998 et terminée en 2003 ;  et tout autour, les façades délabrées des palais abandonnés aux intempéries et aux rongeures du temps… affichaient leur tristesse !

La vieille ville fut dans un état déplorable… même si dans cet état les palais gardèrent leur présence ( par leur style baroque)… sûre de revoir redécouvrir une certaine splendeur  qui  a été la leur autrefois.

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Cette nudité

Qui est mienne,

Je la montre

Sans vergogne.

Un artiste a su créer,

Ce que Dieu a engendré.

Le diable m’a prié

Pour que je sois sienne.

.

Tant de fois adorée.

Plusieurs fois harcelée.

Les sœurs… qui ont

Mon nez brisé,

Et le cœur arraché.

Ma beauté a souffert ;

Sa nudité offerte

Aux pires offenses

Que j’ai connues.

.

Mon marbre délétère.

Pourtant j’ai survécu

Sous le  soleil

Et sous la pluie.

.

Aujourd’hui,

De nouveau,

Je rayonne de tout mon être

Mon âme est préservée,

Et de mes épaules chastes

Glissent des perles de larmes,

Le temps que j’ai pleuré

Elles furent mes seules armes…

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Par ses eaux toujours changeantes, la fontaine symbolise, non pas l’immortalité, mais un perpétuel rajeunissement… comme l’eau vive au paradis… ou est-ce le sang et l’eau qui jaillit de la plaie du Christ ?  Rien qu’à la regarder, cette magnifique  fontaine sur la  Piazza Pretoria n’a que des vertus bénéfiques… vous y jetterez vos soucis qui s’évanouiront aussitôt et la félicité vous est rendue… vous vous sentirez littéralement ressourcé ! L’eau a toujours été une source de vie, un moyen de purification et centre de régénérescence.

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Le matin tôt, j’étais déjà aux aguets, pour voir les belles femmes de marbre dénouer leur longue chevelure avant de se rafraîchir… avec des gestes gracieuses, déployant tout leur charme…

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Cette ville qui tient nos cœurs prisonniers (volontaires) dont un besoin irrésistible nous attire pour nous y ressourcer, nous l’avons arpentée, les yeux fermés, éblouis par sa splendeur, afin de nous imprégner de leur histoire.

 

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Für andere Augen:

 

Auf dem Piazza Pretoria befindet sich die schönste Fontäne der Welt, die so genannte „Fontäne der Schande“… weil die Nacktheit der noblen Marmorfiguren die Nonnen aus dem gegenüberliegenden Kloster erschraken und diese, in einem Anfall von Empörung, die Marmornasen der Figuren zerschmetterten… da ihre schamhaften Nonnenhände vor den männlichen Attributen zurück schreckten, wie ein Schnecke in ihr Haus wenn man auf die Fühler trifft… und die Anatomiestunden zu dieser Zeit noch sehr oberflächlich waren…

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Seit Jahrzehnten standen die bloßen Figuren und die trockene Fontäne wartend auf die Restaurierung. Endlich ist es geschehen! In neuem Glanz und ohne Scham schauen sie dem Besucher mit neuen Nasen entgegen und anderen Vorteilen entgegen…

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Das Fenster unseres Zimmers, in der ersten Etage im Hotel, öffnete sich mit einem Blick auf die Fontäne… als die ersten Sonnenstrahlen die weißen Körper schon aufleuchten ließen und wir sie respektvoll grüßten.

Die Geschichte dieser schönen Fontäne ist sehr abenteuerlich; Der spanische Vizekönig  Don Pedro Alvarez de Toledo ließ sie von dem  Bildhauer Francesco Cammilliani  für den Garten seiner Villa in Florenz entwerfen! Leider  sah er die Vollendung des  Werkes nicht mehr, er verstarb im Jahre 1554, und es war sein Sohn, Luigi Alvarez de Toledo… auf welchen einen hübsche Neapolitanerin wartete und er Schulden hatte… der den Brunnen (In 644Einzelteile gelegt) an die Stadt Palermo im Jahre 1573 verkaufte… wo er vor dem Palazzo Pretorio aufgestellt wurde!

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Die wunderschönen Statuen von Nymphen, Flussgöttern und Tieren zierten nun den  Piazza Pretoria vor dem heutigen Rathaus und der Dominikanerkirche Santa Caterina… ebenfalls eine der schönsten Kirchen, dessen Tore leider oft geschlossen bleiben…

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 Passons, relevant ce gant jeté ou perdu d’une belle sicilienne. Portons-le à notre nez curieux, flairons son parfum qui nous guidera, nous introduira plus loin dans sa ville… à suivre

 

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L’après-midi Il fait bon sur le marbre frais pour une petite siesta… dies ist kein Hundeleben… sondern Luxus !

Œil von Lynx- Palermo 03 Juillet 2013 (terminé le 06/10/2014)

La RUCHE des abeilles… aux artistes…

La RUCHE des abeilles… aux artistes…                         

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Un bourdonnement d’ailes zélées… une vague impression de danger, et l’appréhension de les affoler… mais aussi un sentiment d’émerveillement devant  ces boutons d’or volants ; les abeilles… qui dansent dans l’air… et hop; ailes de pigeons, en avant et en arrière… Elles décrivent des cercles et d’autres figures géométriques compliquées dans un rayon de soleil… libres… un deux trois ; assemblé soutenu… elles prennent leur envol  cherchant où le portera leur vol aux ailes fragiles et scintillantes… hop ; grande jetée en tournant… cueillir le nectar de la  vie, que les hommes leur voleront…

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La porte d’entrée est gardée par deux magnifiques cariatides, délicieusement dénudées mais d’une vertu intact… bel accueil !

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Dès que le jour se lève, elles s’activent inlassablement, elles bourdonnent joyeusement, et hop ; pas emboité… poursuivant leur but  d’une façon opiniâtre ! De leurs petits corps émanent des reflets dorés… hop ; entre chat quatre… elles se sentent jolies… hop ;un  écarté de face… les abeilles… virevoltantes dans un ballet lumineux et doré…hop ; petit frappé … et travailleuses infatigables elles dansent autour de leur ruche; ainsi qu’il l’est inscrit dans leur vie…. hop; jeté plié… assemblé simple… et… pour  finir… une parfaite cabriole…

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Pourtant… Une autre ruche attire notre regard, celle construite par Gustav Eiffel  pour l’exposition universelle en 1900… et récupérée par un sculpteur enthousiaste, Alfred Boucher, qui l’a remontée au Passage de Dantzig sur les hauteurs du XVe arrondissement de Paris ;  Cette   Ruche est devenue le symbole  d’un lieu d’accueil pour artistes du monde entier…

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La grande porte d’entrée aux dimensions infranchissables et savamment verrouillée est inaccessible aux simples mortels… elle croule sous une avalanche de verdure odorante… derrière, encore à peine visible, la Ruche…

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Ici elle a commencé une deuxième vie… blottie dans la verdure apaisante et protégée par le calme, bercée seulement par le chant des oiseaux et le doux murmure du silence ; elle se veut propice à la création… pour attirer aussitôt de nouveaux occupants ailés plus au moins zélés… pas tout à fait des abeilles, mais des drôles d’oiseaux,  vivant un peu en marge de la société… privilégiés, certes, farouches ou timides à souhait, plutôt fanfarons, que l’on appelle simplement,  artistes peintres

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Une des superbes cariatides… à la poitrine fière et effrontée charme  le visiteur… à l’approche de la Ruche. Elle vous regarde droit dans les yeux…

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Et aujourd’hui ? Qui a pris le relais ? Qui habite cette Ruche ?

L’escalier central dans la Ruche monte impérieusement jusqu’à sa coupole qui laisse filtrer la lumière du jour à la grande joie  des plantes qui y développent leurs grâces dans l’ambiance silencieuse et feutrée ! À chaque étage, tout autour, de nombreuses portes mènent aux ateliers des artistes… locataires.

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Dans cette fameuse Ruche au miel ont habité des locataires illustres, comme Marc Chagall, Soutine, Leger, Modigliani, Kikoine, et même, tenez-vous bien, Rebeyrolle.. lach… et des sculpteurs Brancusi,  Zadkine. On constate qu’ils furent nombreux déjà  en ce siècle, et  parmi eux des noms devenus  connus, célèbres même, peintres ou sculpteurs, ils  ont été consacrés grâce à la force de leurs œuvres!

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Ces peintres de « jadis » nous ont quittés depuis longtemps, seules leurs œuvres respirent encore, elles ont survécu à tous les marasmes;  à la grande  joie des collectionneurs qui souvent faisaient une bonne affaire, car la côte de ces artistes, consacrés maintenant, fut encore au stade embryonnaire… Aujourd’hui les prix de leurs toiles ont atteint des sommes fabuleuses, comme on aime le dire    !

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Une affiche d’exposition passée… ragaillardit le mur…

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J’ai jeté un œil sur les noms affichés sur les boîtes à lettres ; des noms inconnus me dévisageant d’un air suspicieux… sauf celui d’Ernest- Pignon- Ernest, dont j’admire le travail… sinon… aucun bruit dans la ruche… un silence de cimetière… une ruche abandonnée de ses insectes, se sont-ils envolés ?!

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La dernière fois que j’ai visité cet endroit, l’animation battait son plein,  la vie y pulsait ; des artistes, assis devant leur porte donnant sur  la verdure, s’y prélassaient péniblement dans l’oisiveté générale, contents de leur sort et fiers d’y habiter… quelques sculptures s’y mêlant… parmi des pots de fleurs et bibelots suspendus pour créer un charme… l’ambiance conviviale  à souhait dont jouissait ce petit monde de privilégiés… des gouttes de sueur au front pensif… recherchant le calme pour créer sans être trop dérangés !

Même la barbe d’artiste avait déjà disparu… le costume de velours jeté aux orties, seul le petit rouge semble avoir survécu au désastre ; L’été fut chaud…

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Au milieu des jardins qui l’entourent, il n’est pas rare de faire des rencontres à l’allure gracieuse autour d’une table solide en pierre…

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Ici,  je suppose que l’on affûte les couteaux pour les petits meurtres entre amis dans un jardin français…

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Au détour d’un chemin, blottie à l’ombre, une statuette gracieuse indique le chemin… à suivre… ça sent l’artiste…

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Des reliques adossées au mur témoignent qu’une âme est passée par là, un miroir ayant perdu son reflet se meurt, désolé, dans la terre… la nature absorbant son dernier éclat !

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Derrière la fenêtre, l’ombre de lui-même, tel un fantôme… n’est peut-être qu’une planche  à pain…

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Rangés dans un décor de verdure impressionnante, des ateliers, petits  mais aux larges vitres, feraient rêver… partout règne un calme bienfaisant de paradis… Un havre de paix comme il en existe encore  à Paris.

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Lorsque l’atelier (souvent exigu) déborde de sculptures, elles sortent se faire admirer sous une lumière impressionniste… laissant danser  des taches claires ou sombres sur leur corps…

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Le petit chat somnolant  devant sa porte  comme un tigre domestiqué… heureux de son sort!

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Un soleil aveuglant, au contre-jour, à midi; les hôtes sont partis… De nombreuses petites tables et chaises de jardin hétéroclites, parsemés ci et là, plongés dans la verdure où l’on devinait la suffisance et l’annonce  de fêtes entre individus aimant faire la noce… vivant dans des conditions requises pour s’y adonner..

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Au fond des jardins, d’autres  petits ateliers ont poussé comme des champignons autour de la Ruche centrale…

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à gauche de  l’entrée, de grands immeubles anciens avec vue sur des ateliers un peu vétustes, nichés dans le ciel, bousculant les nuages comme des nids d’aigles sur un rocher, attirent le regard et vous donnent le vertige ; pas  une ombre, pas âme qui vive… pas un fantôme ne passe devant ses vitres aveugles, étrange atmosphère ; à croire que le temps glorieux est révolu à jamais… et que la vie moderne ait étouffé pour toujours le germe de la création… le cœur ne semble plus y battre comme jadis…

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A croire aussi que l’art, avec le temps, s’est transformé et a séparé les peintres, désormais chacun est encore plus seul devant sa toile, l’œil jalousement vissé sur son œuvre…

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Ailleurs encore… des chaises vides autour d’une table dans la verdure… continuaient à parler toutes seules… comme si les acteurs d’une pièce de théâtre se fussent envolés…

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Une bougie, au milieu de la table, déborde de ses dernières larmes d’être restée seule… regrettant sa flamme joyeuse et les conversations animées des convives absents… avec le jour, le soleil est venu  sécher son flot de larmes !

Mais le soir, quand la douceur de la nuit approche… sous le bruissement des arbres, applaudissant de leurs feuilles complices, les habitants, parfois, se réunissent autour d’une table, pour boire et rire, discuter de la vie, jouir d’un moment de répit ; alors, on sonde le travail accompli, on compare les expériences… discute âprement l’avenir… mais s’accroche aussi à l’âme superbement retrouvée, avec le reste qui l’accompagne ; la peur devant la mort, rien que cela, les jetant dans des considérations immodérées… la lune, de son air moqueur, se cache  derrière un nuage complice!

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Cette petite flamme soutenant par sa faible clarté qu’il appartient à l’homme, à lui seul, de donner un sens à la vie, et qu’il y suffit… sans perdre de vue ce vide vertigineux, cette aveugle opacité d’où émergent ses élans. Parfois même… passe un ange déchu proférant avec un air d’ingénuité des vérités gênantes ou des incongruités qui firent vaciller la petite lumière déconcertée qui a pris l’habitude de se mettre à flamber et puis se consumer dans la nuit… mettant fin à cette fête, souvent pathétique, qui doit affronter toute ambiguïté et ne l’esquive pas, ces instants de fêtes nocturnes des amours naissants qui ont toujours un goût mortel au fond des ivresses vivantes où la mort, pendant un moment fulgurant, est réduite à rien, et les âmes se saoulent de l’éclat de cette joie, au défi des lendemains qui déchantent…

Dans un dernier vacillement douloureux, elle s’est éteinte… la nuit jette son épaisse chape de plomb qui ne se déchirera qu’à l’aube…

 

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 Alors… avec bonheur l’homme balaie le sol qu’il arpentera et va chercher de l’eau au puits de ses larmes versées. Ne le dérangez pas, car il est dans un état de grâce… et son travail l’attend !

 

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Adieu la ruche, adieu les abeilles de jadis… on les a transplantées au Jardin de Brassens… pas bien loin de là !

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(L’accès à la Ruche est rigoureusement fermé au public, cela se comprend… la chance d’habiter un tel endroit, en plein Paris pollué, pourrait faire des jaloux !)

 

 

Œil von Lynx- Paris 14 mai 2014

L’Eglise Saint-Louis-en-l’île… sous un autre jour

 

L’Eglise Saint-Louis-en-l’île… sous un autre jour

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Naturellement… comme son nom l’indique, cette magnifique église est consacrée à Saint Louis, qui fut roi de France sous le nom de LOUIS IX… fut-il un saint ? Nous ne le savons pas, mais il paraît qu’il vint souvent prier ici sur cette ile, alors encore occupée par de gentilles vaches sacrées qui lui remercièrent en lui donnant leur lait, ce fut une veille coutume, aujourd’hui malheureusement disparue…

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Car à leur place se dresse désormais un tronc terriblement affamé et vorace qui demande à chaque visiteur de délier bourse… et pour que l’âme du visiteur ne souffre pas de cette monstruosité  mercantile…

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Quelques cierges se penchent généreusement vers lui, attendant la flamme miséricordieuse, ce feu qu’il faut aussi acheter; sachez, mon ami, qu’une église n’est qu’apparemment gratuite… à défaut d’y laisser sa peau, son âme ou ses rotules!

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LOUIS IX n’a pas seulement pris le lait de vaches, mais il prit aussi la croix, ressembla ses chevaliers et partit délivrer Jérusalem. Téméraire comme il fut, il racheta la relique de la couronne d’épine du christ à l’empereur Baudouin II de Constantinople, se la mit sur sa tête est se présenta sous la tribune de l’orgue… où vous pouvez l’admirer !

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En ce qui concerne l’église, c’est le roi Louis XIII qui prit en main la chose, et ceci en 1614… pour rendre l’ile habitable et d’y construire une paroisse indépendante, chose faite dès 1623, c’est l’église Notre-Dame-en-l’île rebaptisée Saint-Louis en 1634 !

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Nous quittons ici cette ennuyante histoire pendant laquelle de moult personnages se suivirent pour accomplir leur œuvre, entre autre Louis La Vau… puis Gabriel La Duc… ça meurt, ça se succède, l’ouragan s’abat sur le toit… Pierre Bullet reprend les plans et achève les chœurs, grâce au fonds d’une loterie nationale (c’est probablement la naissance du tronc !), et finalement, le campanile s’élève vers le ciel, attire la foudre, s’écroule et fut remplacé en 1765 par le clocher actuel, remarquable par sa forme d’obélisque et ses nombreux ajours qui narguent le vent !

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Gothique et de conception italienne, mais retransformée au XIXe siècle en style baroque… l’église dispose d’un magnifique déambulatoire qui prête aux visiteurs ses dalles reposantes !

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Interlude…

Une ombre surgit, plus pâle que la lune le matin… elle se hâte, longe les murs… elle erre sans but, le regard absent, nul lieu, nul objet la console, et aucun soulagement n’apaise son cœur déchiré…

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Là, dans cet isolement cruel, où brûle encore une vive passion, les dernières paroles périssent… ses dernières pensées deviennent muettes, sa poitrine est animée de soubresauts, elle tressaillit, pousse un soupir profond, disparaît derrière une colonne, essuie ses larmes ; on dirait  qu’elle est plus frémissante qu’une biche pourchassée… elle ne lève pas ses yeux troublés… les larmes veulent jaillir, elle se ressaisit, murmure quelques paroles inaudibles et disparait.

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Ce ne fut qu’une des brèves apparition telles que l’on peut les rencontrer ici… entre les murs silencieux, imprégnés de prières, de sanglots, de chants de joie ou d’abandon total, où tout reste gravé jusqu’au moindre souffle d’une âme en émoi ou en peine.

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Ici s’inscrivent des songes funestes et les tristes aventures, l’inquiétude et les tourments, ici s’élèvent aussi, sous le premier rayon du soleil qui filtre à travers le vitrail, le pourpre de l’aurore avec les plaintes matinales ou la joyeuse fête du dehors, se mêlant au silence recueilli des dévotes, quand leurs chants résonnent dans l’emportement de leur cœur, ici, dans la maison de dieu !

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Alors, l’ombre devient transparente, son âme ne paraît plus agitée, et elle chuchote de mots d’espoir… l’orgue entame son chant, l’air devient pur, tout rayonne, remplit d’une nostalgique ivresse douce et parfumée,  et saisit son âme qui semble depuis longtemps éteinte et assombrie… Les rêves se font jour au-delà du tombeau.

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C’est son destin qui lui arracha ces soupirs, lorsque les fantômes  s’écartent de son chemin, lui laissant un passage libre, lorsque l’ange  ou le démon orgueilleux s’écartent… enfin, à l’horizon se lève un jour nouveau, déjà le vent pourchasse les nuages, il souffle, il mugit… et que s’avance le magicien Amour ! Adieu lieux paisibles, mon asile solitaire, je ne te reverrai plus…

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Et voilà la Maison de Dieu, aujourd’hui presque devenue un musée… par la richesse de son mobilier.

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Jean-Baptiste de Champaigne repose ici, c’est lui à qui fut confié la décoration intérieure de l’église, il est comme vous le savez, puisque l’on vous suppose cultivés, le neveu du célèbre peintre des exvotos, Philippe de Champaigne.

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Et puis…

L’église connue une triste période, dites révolutionnaire et napoléonienne, où elle fut pillée et presque délabrée….

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Enfin, en 1864, Louis Auguste Napoléon Bossuet, nommé curé de la paroisse, s’occupe de toute son âme et de sa bourse pour rendre la dignité  à cette pauvre église, ou ce qui en resta ; il fit l’acquisition de beaucoup de tableaux, commanda des œuvres contemporaines, et même une orgue, qui, lorsqu’elle rendit son dernier soupir, fut remplacée en 2005 par une nouvelle orgue offerte par la Ville de Paris du manu-facteur Bernard Aubertin, selon le style allemand baroque…

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Jetez y votre ancre de miséricorde… pliez vos genoux, joignez vos mains, priez et vous serez entendus !

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Œil von Lynx Paris 09/02/2014